Alan Ripaud, Pépite et pépinière

Alan Ripaud, des plantes carnivores aux premiers lauriers


Des plantes carnivores aux premiers lauriers

Il y a des histoires qui se racontent comme une épopée… Un conte made in Bretagne où Alan, 22 ans, le Galaad de l’horticulture, se lance dans une quête épique impensable pour un jeune Asperger, où sa mère, Anne, terrasserait n’importe quel dragon de l’administration avec sa botte secrète de magicienne du quotidien, où les plantes carnivores sont inoffensives comparées à la montagne de paperasserie à gravir avant de parvenir au Graal des Fleurs et Ânes d’Armor.

Quand l’idée prend racine

Les combats, Anne a l’habitude de les mener. Depuis l’annonce de l’autisme de son fils, diagnostiqué en 2005, alors qu’il a 10 ans, elle a dû ferrailler sévère avec l’Éducation nationale pour lui faire suivre une scolarité normale. Le lot de tous les parents qui se heurtent souvent à un mur de difficultés dans les plus petits détails qui ont pourtant leur importance. Alan s’accroche et développe une folle passion pour les plantes carnivores en 2007. Une simple passion qui prend de plus en plus d’espace et qui se fraie doucement un chemin pour dessiner les contours de l’avenir du jeune homme. « À l’époque, je ne pensais pas du tout en faire mon métier, explique Alan Ripaud. J’ai suivi une formation en horticulture au lycée de Saint-Ilan, mais je ne parvenais pas réellement à trouver ma place sur le terrain. L’exigence de rendement dans les stages, les problèmes de fatigabilité au quotidien... Je ne me voyais pas travailler en jardinerie au contact avec les clients.  J’ai eu un déclic en 2014, en rencontrant une ancienne prof qui m’a proposé de participer à une journée porte ouverte où j’ai réalisé ma première vente de plante. »

Cultiver sa différence

Alan Ripaud, des plantes carnivores aux premiers lauriers
Un objectif, comme un espoir de le sortir d’une voie sans issue professionnelle, un projet un peu fou de créer son entreprise, et le soutien, toujours, sans faille ni faiblesse, de sa mère, avec qui il se jette joyeusement à l’eau, en partant… la fleur au fusil. Car derrière le savoir-faire qu’Alan maîtrise et ses idées de mélanger des serres pour ses plantes carnivores et des animaux en liberté, comme une ferme pédagogique sur-mesure, il y a la réalité de la procédure, la complexité des formalités, l’absence d’aides spécifiques pour les personnes autistes qui désirent créer leur entreprise, la nécessité de trouver des fonds pour concrétiser le projet. Anne s’arme de patience et d’enthousiasme pour venir à bout des contraintes administratives qui la transforment en spécialiste du dossier à remplir, quitte à risquer les cauchemars la nuit. 

Le champ libre

Un formidable duo se met alors en place. Elle porte le projet de son fils à bout de bras, dans un chemin de croix qui déverse pas mal d’épines avant d’entrevoir les roses. Les roses, elles viendront comme un bouquet de générosité. Anne et Alan lance une campagne de financement participatif sur Internet.  « J’ai été terriblement surprise de découvrir la mobilisation qui s’est faite autour de notre projet, se souvient Anne. Un magnifique réseau où les associations et les particuliers nous ont aidés. Nous avons récolté la somme de 12 420 €. Nous allions pouvoir enfin démarrer ! » Mais une autre difficulté se présente, sinon le conte manquerait de piquant et les plantes carnivores de mordant. L’urgence de trouver un terrain et un nouveau lieu de vie pour s’installer. Qu’à cela ne tienne. Ils finissent par tomber sur leur bonheur à Plénée-Jugon. Une maison et une parcelle à vendre. Un seul mot d’ordre : foncer ! 

Bouquet final 

Alan Ripaud, des plantes carnivores aux premiers lauriers
L’entreprise Fleurs et Ânes d’Armor éclot officiellement en mars 2016, après une longue germination. La quête d’Anne et d’Alan devient collective avec un bel élan de solidarité qui leur permet de transporter 1 500 plants d’Alan pour préparer les serres et accueillir, dans un second temps le public, tout en continuant d’aller à sa rencontre sur les foires et les marchés, en vente directe. Les éléments se mettent en place petit à petit. 

Alan est sur le terrain, enfin, heureux comme un roi au milieu de ses plantes carnivores, des animaux et bientôt des ânes. Anne, si elle s’occupe toujours de l’administration, peut elle aussi mettre les mains dans la terre (et délaisser le papier). Leur duo est le secret d’une réussite qui se construit jour après jour. En écoutant leur histoire, on comprend vite la complicité qui les unit. Anne,  en petite fée présente en filigrane, a réalisé le rêve de son fils. Alan, en passionné qui a pu exprimer son talent, devient un exemple porteur d’espoir pour les personnes Asperger qui voudraient, elles aussi, créer leur entreprise et gagner leur autonomie financière en travaillant dans leur domaine de prédilection. Fleurs et Ânes d’Armor a remporté un concours d’entreprenariat. Loin de rester fermée sur elle-même, la volonté de cette entreprise familiale est de s’ouvrir à tous et plus particulièrement aux personnes autistes qui souhaiteraient venir se former. L’aventure est loin d’être terminée ! 

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